Critique de Forge of Empires – Des cabanes de l’âge de pierre aux gratte-ciel futuristes : jusqu’où tiendrez-vous le rythme ?
Imaginez SimCity et Civilization qui auraient eu un enfant prodige, et ce gamin aurait grandi accro aux upgrades freemium et aux bastons sur cases hexagonales. Voilà Forge of Empires. On débute avec trois huttes paumées, à récolter des pièces et des ressources toutes les dix minutes. Un peu de recherche et hop, de nouveaux bâtiments, une nouvelle ère : âge du bronze, du fer, colonial… À chaque époque, on chamboule son arbre techno, son armée, et surtout la façon de caser tout ce bazar sur sa micro-carte.
Bienvenue à l’âge de pierre : Les premiers clics de votre carrière impériale
Jour 1. Je contemple… un carré d’herbe avec deux tentes et ce qui doit être un feu de camp à moitié codé. Bienvenue à la préhistoire. Objectif ? Transformer ce camping poussiéreux en superpuissance mondiale. Cool, non ?
Le tuto me refile un menu construction et un petit coup de coude : « Place une hutte. » Je pose l’objet. C’est bâti en deux secondes. Facile. Sauf que ça pompe direct toute ma population dispo. Plus d’ouvriers, plus rien à construire, le grand vide (et un peu la honte aussi…)
C’est ça, l’ambiance. On tape un mur, on bidouille, on tape un autre mur. Si tu construis trop vite, ton économie suffoque. Si tu glandes, ton voisin attaque déjà le camembert à l’âge du fer. Chaque action coûte quelque chose : pièces, ressources, place, ou un bout d’ego.
Points Forge, diamants et… patience éternelle
Tout tourne autour des points Forge. Un par heure. Et tu les crames aussi sec dans la recherche, l’amélioration de bâtiments, ou le commerce. C’est vital, et le jeu te les rations comme des tickets de rationnement.
Au début ça roule. On gratte quelques points, on améliore deux trucs, on repart. Mais très vite… c’est long. Pour débloquer travail du bronze ? 16 points. Plus de stock ? Reviens demain. Ou après-demain.
Les diamants ? Oui, évidemment. Tu en grattes un peu au début : « Bravo pour la quête, tiens 50 diam’s ! » Stylé. Sauf que le bâtiment sympa en demande 250. Booster une techno ? 1 000. Cette générosité du départ ? Juste de quoi t’hameçonner. Classique.
J’ai résisté. Promis. Mais quand l’âge du fer m’a fait de l’œil façon buffet nocturne… j’ai craqué. Cinq euros. Par souci scientifique. Zéro fierté.
Combat à la Forge : hexagones, lances et couacs tactiques
Parlons tatanes. Ici, pas d’auto-combat façon sieste : t’as vraiment des cases hexagonales, des tours, du déplacement. Faut gérer !
Mon premier duel ? Deux lanciers contre une bande de tribus vénères. Je m’avance. Je rate. Je lance un coup mou. Basiquement bourrin, et pourtant… satisfaction bizarre. Plus tard, tout s’éclaire : archers qui visent loin, cavalerie qui contourne, balistes hyper fragiles.
Il y a une vraie profondeur tactique, pour qui a l’énergie. L’auto-combat évite la routine, mais le manuel laisse LA main. Sauf que chaque soldat coûte cher. Ils mettent un bail à s’entraîner. Perds-les… et tu attends. Résultat : je suis devenu sélectif. Battez-vous seulement si ça sent la victoire (ou si ça sent bon, du moins…)
Le jeu récompense la malice. Mais la moindre erreur ? Tu reconstruis pendant 24h. J’ai déjà effacé des routes en panique !
Chef d’une guilde ? Accrochez-vous à votre tableur Excel
Au bout de six heures, déblocage des guildes. « Chouette, on va papoter. » Erreur. Je suis tombé dans le sanctuaire des spreadsheets. Tableaux, timers, guides avec une vibe forum années 90. La moitié des astuces porte sur des bâtiments que tu verras jamais.
Et, franchement ? Utile de ouf.
La guilde te retourne le cerveau. Tu ne construis pas juste pour toi, tu investis. Tu balances tes points Forge dans les Grands Monuments des autres, et si tu gères bien, tu te fais du bénéfice. Et LE bâtiment que tout le monde veut ? L’Arche. Un monstre qui transforme ton aide en machine à points. Enfin… en théorie.
Petit souci : il te faut des ressources de l’ère du Futur pour le construire, alors que toi, tu fais encore chauffer l’eau au feu de bois. Donc… j’ai charbonné. Tout échangé. MP des inconnus comme un vendeur à la sauvette. J’ai compris la moitié, mais j’ai fini par y arriver.
Une fois l’Arche posée, le rythme s’accélère. Points Forge à gogo. Tout (re)devient limpide. Cette guilde-tableur commençait même à ressembler à une vraie team. Il y a une simulation éco tarée qui tourne sous ce bazar. Pourquoi ça marche ? Aucune idée, mais ça tourne.
Quêtes à gogo, temps libre envolé
Pour t’accrocher, Forge te mitraille d’événements comme s’il allait manquer de pixels. Carnavals d’été, concours de tartes d’automne, défis foot. Tous avec des bâtiments qu’il te FAUT.
Ça vend du rêve. C’est fun. Mais c’est… intense.
On te demande de te connecter non-stop. Quêtes. Clics. Upgrades. À refaire deux heures plus tard. Certaines sont basiques : ramasse des pièces, colle une rouste à quelqu’un, clique sur une poule. D’autres ? Lunaires. "Dépense EXACTEMENT 47 points Forge, bâtis trois forges, caresse le chien du voisin." À peu près.
Résultat : je lançais des sessions pirates entre deux réunions, histoire de garder les séries. C’est devenu un réflexe. Et là, j’ai capté que Forge n’est pas juste un jeu de gestion d’empire. C’est un jeu de gestion d’habitudes. Un genre d’agenda magique qui aurait ajouté des épées.
De la boue aux lasers… et (beaucoup) de stress entre les deux
Après quelques jours, ma ville était un freestyle total. Toits en paille, routes en brique, temples futuristes lumineux, et une statuette de chèvre random au milieu. Mais ça tournait. À peu près…
J’avais mes routines. Mes points calculés. Mon plan d’attaque. Je me sentais génial.
Puis j’ai maté le classement.
Les autres ? Des villes comme des principautés. Tout maxé. Tech spatiale, Arches niveau 125 qui me faisaient rougir. Claque d’ego direct.
Je jouais mal ? J’aurais dû speeder les bâtiments ? Farmer les points ? Claquer un autre billet ?
Bof. J’avançais bien. Mais Forge, il veut jamais que tu sois à l’aise. Il veut que tu courres. Toujours un étage de retard, toujours à douter. C’est vicieux-brillant. Un peu toxique aussi. Mais purée, tu reviens quand même…